
Le Compte Personnel de Formation (CPF) représente une opportunité majeure pour le développement professionnel des salariés et demandeurs d’emploi en France. Néanmoins, la qualité des formations proposées est primordiale pour garantir l’efficacité de ce dispositif. Dans cet article, nous examinerons en détail les critères de qualité essentiels que doivent respecter les organismes de formation pour être éligibles au financement CPF.
Le cadre légal et réglementaire
La loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a instauré un cadre strict pour les formations financées par le CPF. Le décret n°2019-564 du 6 juin 2019 précise les critères de qualité auxquels doivent répondre les prestataires d’actions de formation. Ces textes visent à garantir la qualité et l’efficacité des formations dispensées.
Selon l’article L. 6316-1 du Code du travail : « Les prestataires mentionnés à l’article L. 6351-1 financés par un opérateur de compétences, par la commission mentionnée à l’article L. 6323-17-6, par l’État, par les régions, par la Caisse des dépôts et consignations, par Pôle emploi ou par l’institution mentionnée à l’article L. 5214-1 sont certifiés sur la base de critères définis par décret en Conseil d’État. »
La certification Qualiopi
Depuis le 1er janvier 2022, la certification Qualiopi est obligatoire pour tous les organismes de formation souhaitant bénéficier de financements publics ou mutualisés, dont le CPF. Cette certification atteste de la qualité du processus mis en œuvre par les prestataires d’actions concourant au développement des compétences.
La certification Qualiopi s’appuie sur un référentiel national unique comprenant 7 critères et 32 indicateurs. Ces critères couvrent l’ensemble du processus de formation, de l’information du public à l’évaluation des résultats.
Les 7 critères de qualité
1. Information du public : L’organisme doit fournir des informations précises sur les prestations, délais d’accès et résultats obtenus.
2. Identification des objectifs : Les objectifs doivent être définis en termes de compétences à acquérir et adaptés aux publics bénéficiaires.
3. Adaptation aux publics bénéficiaires : L’organisme doit analyser le besoin du bénéficiaire et adapter le contenu et les modalités de la formation en conséquence.
4. Adéquation des moyens pédagogiques : Les moyens pédagogiques, techniques et d’encadrement doivent être adaptés aux prestations et aux publics.
5. Qualification et développement des connaissances des formateurs : L’organisme doit s’assurer de la qualification et de la formation continue de ses intervenants.
6. Inscription dans l’environnement professionnel : L’organisme doit prendre en compte le contexte professionnel et les évolutions du secteur.
7. Recueil et prise en compte des appréciations : L’organisme doit mettre en place un système d’évaluation continue et d’amélioration de ses prestations.
L’importance de l’adaptation aux besoins des bénéficiaires
L’un des critères les plus cruciaux est l’adaptation aux besoins spécifiques des bénéficiaires. Selon une étude menée par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) en 2020, 78% des stagiaires estiment que l’adéquation de la formation à leurs besoins est un facteur déterminant de satisfaction.
Pour répondre à cette exigence, les organismes de formation doivent mettre en place des processus rigoureux d’analyse des besoins. Cela peut inclure des entretiens préalables, des tests de positionnement ou encore des questionnaires détaillés sur les attentes et les objectifs professionnels des participants.
La qualité des formateurs : un enjeu majeur
La qualification et l’expertise des formateurs sont des éléments clés de la qualité d’une formation. Le critère 5 de la certification Qualiopi met l’accent sur ce point. Les organismes doivent non seulement s’assurer des compétences initiales de leurs formateurs, mais aussi veiller à leur formation continue.
Une enquête de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) publiée en 2021 révèle que 92% des stagiaires considèrent la compétence du formateur comme un facteur essentiel de la qualité de la formation.
Pour garantir ce niveau d’expertise, les organismes de formation peuvent mettre en place des processus de recrutement rigoureux, des plans de formation continue pour leurs formateurs, et des évaluations régulières de leurs performances.
L’évaluation continue : un levier d’amélioration
Le septième critère de la certification Qualiopi porte sur le recueil et la prise en compte des appréciations des stagiaires. Cette démarche d’évaluation continue est essentielle pour maintenir et améliorer la qualité des formations.
Les organismes de formation doivent mettre en place des systèmes d’évaluation à chaud (immédiatement après la formation) et à froid (plusieurs mois après) pour mesurer l’impact réel de la formation sur les compétences et la carrière des bénéficiaires.
Selon une étude de l’Observatoire des métiers et des qualifications publiée en 2022, les organismes qui mettent en œuvre une démarche d’amélioration continue basée sur les retours des stagiaires voient leur taux de satisfaction augmenter en moyenne de 15% sur une période de deux ans.
L’innovation pédagogique : un critère de différenciation
Bien que non explicitement mentionnée dans les critères Qualiopi, l’innovation pédagogique est devenue un facteur important de qualité des formations. L’utilisation de nouvelles technologies, de méthodes d’apprentissage actives ou de formats hybrides peut significativement améliorer l’efficacité de la formation.
Une étude menée par le cabinet Deloitte en 2023 montre que les formations intégrant des éléments de réalité virtuelle ou augmentée ont un taux de rétention des connaissances supérieur de 30% par rapport aux formations traditionnelles.
Les organismes de formation doivent donc investir dans la recherche et le développement de nouvelles approches pédagogiques pour rester compétitifs et offrir des formations de haute qualité.
La transparence des résultats
La transparence sur les résultats des formations est un élément clé de la qualité. Les organismes de formation doivent être en mesure de fournir des données précises sur les taux de réussite, l’insertion professionnelle ou l’évolution de carrière des stagiaires ayant suivi leurs formations.
Selon le ministère du Travail, à partir de 2024, tous les organismes de formation devront publier annuellement des indicateurs de performance, incluant le taux d’obtention des certifications, le taux d’insertion dans l’emploi et le taux de poursuite d’études.
Cette exigence de transparence permettra aux bénéficiaires de faire des choix éclairés et incitera les organismes à améliorer constamment la qualité de leurs prestations.
Les critères de qualité des formations financées par le CPF sont nombreux et exigeants. Ils visent à garantir l’efficacité des formations et la satisfaction des bénéficiaires. Pour les organismes de formation, respecter ces critères n’est pas seulement une obligation légale, mais aussi un gage de professionnalisme et un avantage concurrentiel. Pour les bénéficiaires, ces critères sont une assurance de pouvoir accéder à des formations de qualité, adaptées à leurs besoins et susceptibles d’avoir un impact réel sur leur parcours professionnel. Dans un contexte de mutation rapide du marché du travail, la qualité de la formation continue est plus que jamais un enjeu stratégique pour l’ensemble des acteurs économiques.